Cotacachi & Vallée de l'Intag | 1-4 novembre 2018
C’est parti pour 4 jours au nord de Quito, entre la réserve écologique Cotacachi et la vallée de l’Intag. Matthieu, un autre volontaire de notre association, se joint à nous pour ce voyage. Au départ de la ville de Cotacachi, on s’est promené autour du Lagon de Cuicocha avant de s’enfoncer au plus profond de la vallée luxuriante de l’Intag, réputée pour son projet communautaire environnemental, son café bio, ses forêts tropicales et, malgré elle, son sol riche en cuivre, qui attire les compagnies minières mondiales.

Cotacachi | Jeudi 1 novembre
Après une soirée Halloween bien arrosée, on quitte la capitale, direction Cotacachi à 2h au nord de Quito. La ville a pris le nom du volcan majestueux qu’on aperçoit de loin. Elle est connue pour son cuir et sa tranquilité, qui attire de nombreux retraités américains.

La fête des Morts
Après avoir trouvé un hostal charmant, et sur les conseils de la patronne, nous nous rendons au cimetière de la ville à pied. Là toutes les familles sont réunies pour célébrer la fête de leurs aïeux autour des tombes. Elles les décorent avec des bougies et des fleurs, certaines en profitent même pour les repeindre. La communauté s’est activée la semaine précédente pour nettoyer le cimetière, en préparation de ce jour.
Le Catholicisme est la religion officielle de l’Etat (des drapeaux équatoriens flottent au sein des églises du pays), même si leur Foi emprunte de nombreuses traditions mystiques. Le chamanisme est encore bien présent.
A l’entrée du cimetière se trouvent plusieurs stands de brochettes, d’empanadas et de colada morada, la boisson traditionnelle bue en ce jour de fête des Morts. Elle est servie tiède, et est composée de mûres, myrtilles (et 10 autres fruits !), et est parfumée à la cannelle et à la girofle. Elle est toujours servie avec un petit pain briochée (les “guayas”), chaque famille se transmettant sa propre recette de génération en génération.
Une messe se déroule dans le cimetière, avant de laisser place à un concert. L’atmosphère est conviviale, familiale et joyeuse.
Lagon Cuicocha | Vendredi 2 novembre
Le Sentier des Orchidées
Départ aux aurores ce matin, direction le lagon de Cuicocha à 3100m d’altitude. Situé au pied du volcan Cotacachi, il a pris le nom de Cuicocha, qui signifie cochon d’inde, du fait de ses 2 petits îlots qui ressemblent à cet animal.





On emprunte le “Sentier des Orchidées”, qui suit les crètes et fait le tour du lac en 14km. La nature se réveille sous nos pas, les paysages sont grandioses, notamment la brume matinale qui donne aux montagnes alentours un air très poétique. A mesure que le jour se lève, le vent aussi ! Des moutons apparaissent à la surface du lac.








Le vent s’est levé : un incendie fait rage dans la vallée. Les lueurs rouges dans le ciel sont bien visibles, et la colonne de nuage est immense !


Au loin, on aperçoit aussi le sommet enneigé du volcan Cayambe, qui culmine à 5 785 m : il est le 3ème plus haut sommet de l’Equateur !

Une fois la rando terminée, on profite d’une bière sur les hauteurs du lagon avant de rentrer en ville en pick-up.
Le marché de la fête des Morts
En ce jour férié, un marché spécial se tient dans les rues de la ville de Cotacachi. Les familles s’attablent autour de plats typiques de la région. On goûte à tout : empanadas trempés dans le colada morada, soupe de poisson et maïs (délicieux !) et caracoles (petits coquillages/escargots qui vivent sous terre) très fades : ça manque de la bonne sauce à l’ail de chez nous !
Le village d'Apuela
On embarque ensuite pour un long trajet qui va nous mener dans la vallée de l’Intag, peu accessible mais très riche en biodiversité. On s’arrête pour la nuit au village d’Apuela, enclavé entre des montagnes abruptes, à 1740m d’altitude. Le choix de l’hostal est assez rapide : il n’y en a qu’un seul ! Pour le resto, c’est pas mieux : 2 cantines se disputent le même trottoir. On goûte au churrasco devant un film d’horreur avec des familles. La télévision est toujours allumée dans les restaurants équatoriens, et ils raffolent de films de ce genre cinématographique.
Bien qu’ayant le même nom, le churrasco diffère d’un pays à l’autre en Amérique du Sud. Ici, c’est un plat composé de fines tranches de boeuf grillé, surmonté d’un oeuf au plat et servi avec riz, frites, avocat, bananes plantains frites et salade. Autant vous dire qu’on ne prend pas de dessert après cela !
Avant d’aller se coucher, on reste quelques instants à regarder des hommes jouer au volley sur la place centrale du village, le volley étant le sport national du pays.
Vallée de l’Intag | Samedi 3 novembre
D'Apuela au Cloud Forest Adventure
Dès 6h55 du matin, on est posté devant le café du village qui doit ouvrir dans 5min. Heureusement qu’on se rabat sur une autre petite cantine pour prendre le petit-déjeuner, car ce n’est qu’à 8h10 qu’il ouvre ses portes : le patron s’est levé plus tard que d’habitude car il a fait la fête la veille ! Après 2 mois en Equateur, on commence à avoir l’habitude de ce rythme décalé et des imprévus de dernière minute. On s’est réconforté avec un VRAI expresso, dont le café est tout droit venu du village. En effet, la vallée de l’Intag est en partie reconnue pour son café “Rio Intag”, biologique et équitable.
Souhaitant dormir chez l’habitant, nous cherchons une finca (= ferme) où passer la nuit prochaine. Celle d’Eduardo est chaudement recommendée par les voyageurs s’étant aventurés dans la région. Au nom de “Cloud Forest Adventure”, elle est située au fin fond de la vallée de l’Intag. Après une réservation rapide sur Internet et un message envoyé à Eduardo, un pick-up nous dépose en haut du plateau montagneux, à Pueblo Viejo, ce qui nous économise 1h30 de marche en montée abrupte avec nos sacs sur le dos. Dans ce village, une vielle femme nous indique le chemin à suivre et nous offre des petits pains fait-maisons et encore chauds pour la route.




C’est parti pour 26km de marche. Le paysage qui s’étend devant est à couper le souffle. Le chemin de terre, sur lequel on croise quelques pick-up, motos et villageois à dos d’âne ou de cheval, serpente entre les collines.






Au bout de 2h on arrive à Cuellaje, le seul gros village des environs, où l’on savoure un déjeuner dès 11h30. A chaque coin de rue et à chaque entrée de boutique se trouve une citation sur la préservation de l’environnement. La communauté de la vallée croit profondément en la préservation de leur culture, leur production agricole et leur artisanat local.
On refuse de payer pour qu’un pick-up nous conduise jusqu’à la ferme d’Eduardo. Les villageois nous prennent pour des fous, mais on préfère s’y rendre à pied.
S’en suit une longue route accidentée, en terre et en sable, qui monte sans s’arrêter. On se prend une belle averse pendant 45min, mais on continue notre chemin en demandant la direction à chaque local qu’on croise. On passe plusieurs champs, où poussent des tomates d’arbre (un type de tomate sucrée, que l’on cuisine en dessert) et des maracuyas (= fruit de la passion), que l’on cueille tout au long de la montée pour nous donner des forces.




La ferme de permaculture d'Eduardo et Patricia
C’est après s’être trompé plusieurs fois de propriété que l’on arrive à un petit pont en bois qui enjambe un ruisseau. C’est là que nous attend Eduardo, prévenu de notre arrivée imminente par des voisins bienveillants. Encore 15 min de montée dans la boue et on arrive devant une maisonette en bois. Une fois le portail passé, on découvre un jardin rempli de poules, cochons d’inde, lapins, un chien et un cheval, bordé d’arbres fruitiers et d’un joli potager. Quel soulagement d’être arrivés !








Eduardo est écossais et habite ici depuis 11 ans. Il s’est marié à Patricia, une femme équatorienne, et ils ont un fils de 2 ans. Bien qu’il soit 16h30, ils nous proposent un déjeuner qu’on accepte avec joie. Le repas est exquis, pratiquement tout est produit dans leurs potagers et champs, qu’Eduardo nous emmène ensuite visiter.

Equipé d’une machette et d’un panier en paille tissé par sa femme, Eduardo nous accompagne dans une partie de sa propriété étendue sur 17 hectares. On découvre ses potagers, ses maïs, ses arbres fruitiers qui poussent en harmonie avec toutes les espèces voisines. A la tombée de la nuit, on traverse une forêt tropicale dense, pour écouter le chant des grenouilles et des dindes sauvages, avant de rentrer à la ferme.


A 18h nous dinons dans la salle commune de leur maison : c’est le seul lieu de vie de la famille. Le dîner est léger : le colada morada, les petits pains, le fromage andin et les confitures sont excellents, le tout étant bien sûr fait-maison. C’est un régal de pouvoir découvrir ces saveurs, dans un cadre familial et chaleureux.
Par téléphone satellite, Eduardo tente de réserver 3 places dans le seul bus qui part de Cuellaje et qui rentre à Otavalo le lendemain. C’est un long week-end de 4 jours et la majorité des équatoriens sont rentrés chez leur famille pour la Toussaint. Les bus sont donc pris d’assault à la fin du week-end pour rentrer en ville. On apprendra le lendemain que sa belle soeur s’est déplacé le matin et a réussi à avoir les 3 dernières places ! Le bus d’après ne partait que 24h plus tard …
Le soir dans notre lit, des insectes s’incrustent dans notre pagode en bois : papillons de nuit, moustiques inoffensifs et même une salamandre. Malgré tout on s’écroule de fatigue, épuisés par ces 26km de marche. Ajoutés à ceux de la veille, on a fait 43 km en 2 jours.
Vallée de l’Intag & retour à Quito | Dimanche 4 novembre
Il a plu toute la nuit. Le bruit sur le toit en tôle nous rappelle la chance que nous avons d’être à l’abri.
Ophélie et Matthieu partent à 6h00 pour une promenade dans la forêt tropicale qui se réveille. Il pleut à verse mais le paysage est grandiose. On entend le chant matinal des oiseaux. Eduardo nous explique une multitude de choses sur la faune et la flore de la forêt, il nous montre les empreintes des singes de nuit et nous donne le nom des oiseaux que l’on entend (toucan vert, dinde sauvage, colibris, etc.).
De retour à la ferme et après le petit-déjeuner, Patricia nous apprend à faire des paniers en osier. C’est super intéressant et plutôt facile à fabriquer une fois la technique acquise.




On fait le tour du jardin pour récupérer les oeufs que les poules ont couvés, cachés dans les herbes hautes des potagers.



Après un dernier déjeuner copieux et délicieux, on dit au revoir à cette jolie petite famille. Le trajet de retour à Quito dure 7h30, alors que l’on n’est qu’à 200km. C’est après avoir pris 1 pick-up, 2 bus et 1 taxi que l’on arrive chez nous, pratiquement plus épuisés qu’après nos 26km de marche la veille. On ne regrette cependant pas du tout notre visite au fin fond de la vallée de l’Intag, bien en dehors des sentiers battus touristiques.
Muchos besos a todos,
Charles & Ophélie