De Mendoza à Santa Maria, un voyage plein de rencontres

28°C. 7h du matin. La descente du bus nous fait prendre conscience du changement de région. Equipés de nos vêtements Heattech pour affronter la clim du bus, nous les troquons rapidement pour le duo short + T-shirt.

Dans l’auberge de jeunesse, nous retrouvons Pierre pour la quatrième fois depuis le début de notre périple (après El Chalten en Patagonie, Bariloche dans la région des lacs en Argentine et Pucon au Chili) et la décision est prise de partir ensemble explorer les vignobles à vélo, sous 40°C… Nous sommes un peu déçus de la visite (pas de visite guidée), mais nous passons un très bon moment à vélo, à goûter les différents cépages et à rencontrer d’autres cyclistes français, anglais, allemands, suisses et argentins. Le soleil de plomb d’ici donne des vins corsés, à la robe intense, et avec une teneur en alcool de 14,5°C voire 15°C. Le rosé laisse à désirer.
Après un beau mélange de rouge, blanc et rosé, la visite se termine par un open bar à l’agence de location de vélo : vin rouge et empanadas à volonté, on aime l’Argentine !

Après un changement de bus à la Serena sur la côte Pacifique, nous nous enfonçons dans les terres chiliennes. Au bout de 30min, le ciel gris se dégage et laisse place à un ciel bleu magnifique. La vallée est verdoyante, tandis que de chaque côté se dressent des montagnes arides parsemées de cactus. Cet endroit est particulièrement connu pour la production de Pisco, la fameuse eau de vie du Chili (ou du Pérou, nous ne savons pas, les deux pays se disputent juridiquement son origine). Son climat chaud et sec est idéal pour les vignes (il fait beau plus de 300 jours par an).

Nous décidons de rester 4 jours à Vicuna, une petite ville pleine de charme où nous avons trouvé le camping Rancho Elqui, génial (merci l’appli iOverlander). Au final, nous y restons une semaine entière : la région, le camping et la météo sont idéals, on se croirait en plein été en France. Nous rattrapons notre retard dans le tri des photos, la rédaction de notre roadbook et de nos articles sur le blog, que nous n’avions pas touché depuis 1 mois et demi. Nous rencontrons un couple de françaises qui nous donnent tous les bons plans du coin, un couple de français et une belge avec qui nous passons de superbes moments ainsi qu’un couple d’argentins, Luice et Carla.

Cette région possède paraît-il l’un des ciels les plus purs de la Terre. Des observatoires astronomiques s’y sont donc implantés, et envoient des images du ciel d’hémisphère sud aux quatre coins du globe. Nous en profitons pour passer une soirée à l’observatoire del Pangue, tenu par Eric, un français astrophysicien vivant dans la région depuis une dizaine d’années. Il est passionné, pédagogue et il s’adapte à tous les niveaux de connaissance sur le sujet. A l’oeil nu, nous pouvons voir les nuages de Magellan et la Croix du Sud, représentatifs de l’hémisphère sud. Dans son téléscope, nous apercevons une supernova, des nébuleuses, les nuages de Magellan vu de près, l’étoile visible la plus lumineuse (Sirius), une étoile sur le point d’exploser (la communauté scientifique attend son explosion depuis 400 ans !). Nous passons 2h la tête littéralement dans les étoiles !

Le reste de notre séjour s’organise autour de la visite du village de Pisco Elqui et de celle d’une brasserie artisanale au nom de Guayacan. Nous goûtons 6 de leurs bières, nos préférées étant la Stout et la Chanar, une spécialité locale aux arômes de caramel et chocolat. Le sosie de Freddie Mercury nous fait un tour guidée de la petite « cerveceria », qui n’utilise que de l’énergie solaire pour produire son électricité.

Nous repartons de Vicuna dans la camionette du couple argentins, Luice et Carla, qui nous déposent à la gare de La Serena pour prendre notre bus.

Notre arrivée dans la station balnéaire de Bahia Inglesa est un peu compliquée. Nous avons l’impression que toute la population du Chili à décider de se retrouver sur cette plage. Les prix sont gonflés comme un 15 août en France, nous galérons à trouver un camping sans se ruiner. Le ciel est gris et il fait frais. Nous avons un peu le moral dans les chaussettes.

Le lendemain, les argentins Luice et Carla nous annoncent qu’ils arrivent dans la journée à Bahia Inglesa. On est ravi ! Quelques moments plus tard, nous nous rendons compte que nous sommes dans le même camping que la famille française « Lulosoli », que nous avons rencontré à 2 reprises en Equateur : Lorrie, Ludo et les jumeaux de 5 ans, Soan et Lila. Une belle suprise ! Nous restons au final 3 nuits à Bahia Inglesa, avec 2 soirées que nous passons avec Lulosoli dans leur camping-car, autour d’un barbecue et du vin.

Visite du port voisin de Caldera, où nous nous régalons de ceviche frais et de noix de Saint-Jacques crus : un régale !

Notre plan initial était de remonter jusqu au désert d’Atacama, rejoindre notre ami Tanguy qui y habite depuis quelques années. La météo nous a fait changer nos plans. Bien que ce soit la saison des pluies dans le nord du Chili, cela fait plus de 500 ans qu’il n’a pas autant plu dans le désert, il est aujourd’hui inondé. Nous cherchons une solution pour aller en Argentine. Par chance, nos copains argentins Carla et Luice rentrent en voiture chez eux. Nous partons donc tous ensemble de Bahia Inglesa pour un roadtrip mémorable.

Nous quittons la côte pour la Cordillière des Andes. La visite du musée sur les mines chiliennes à Copiapo et les nombreux sites minerais croisés sur notre route nous rappellent les 33 mineurs chiliens restaient coincés sous terre dans une galerie à -700m pendant 69 jours. Nous décidons de camper la première nuit au bord de la route, dans une plaine désertique entre 2 chaînes de montagnes.

Le lendemain, séance de yoga matinal pour Ophé et Carla avant de reprendre la route. Nous roulons pendant 10h sur 440km, avec 4600m de dénivelé et en faisant quelques pauses en route :
– Pauses techniques : nous buvons 1L d’eau par 1000m de dénivelé
– Pauses photos : les paysages sont à couper le souffle. Nous passons à travers des cols enneigés, des montagnes aux mille couleurs, un désert de sel, des plaines où broutent vigognes et ânes sauvages, des lacs avec des flamands roses, des canyons aux couleurs flamboyantes.
– Panne : le moteur manque d’air avec l’altitude, nous devons pousser la voiture sur quelques mètres et Luice soulève souvent le capot en cours de route.
– Pique-nique au bord du Laguna Verde et ses thermes naturelles à 35°C.
– Pause maté : impossible pour les argentins de ne pas en avoir, ils sont pires qu’Ophé avec le thé !
– Passage des douanes chiliennes puis argentines : nous avions peur de ne pas pouvoir rentrer en Argentine car il nous manquait un tampon de sortie du territoire Argentin. Heureusement, les douaniers n’ont rien relevé et nous avons même bien rigolé avec eux.

Luice et Carla sont des amours. Ils sont curieux, drôles, bavards et sympathiques. Pendant le voyage avec eux, nous parlons de tout et de rien : Histoire de l’Argentine, ses us et coutumes, le climat social, économique et politique actuel, notre engagement écologique, le féminisme, etc. C’est passionnant.

Il est 20h et nous arrivons à Fiambala, la première ville argentine depuis Copiapo au Chili. Le camping est désert à notre arrivée, nous sommes seuls. Nous nous endormons rapidement, bien que des argentins arrivent et commencent un asado (barbecue) à deux pas de la tente.

Journée détente pour se remettre de la veille. On déjeune autour d’un asado fait par Luice et Carla, qui sont ravis de nous partager cette tradition argentine.
Dans l’après-midi on visite la jolie bodega Don Diego et on la termine par une dégustation des vins.

On ne peut pas passer par Fiambala sans se rendre dans ses thermes, constitués d’une dizaine de bassins naturels, allant de 15°C à 45°C. Nous pique-niquons sur place à 23h (on a pris le rythme argentin !) avant de rebrousser le chemin et planter notre tente au milieu du désert en bord de ville. Le vent souffle fort, nous galèrons à monter la tente en pleine nuit.

Le lendemain, nos chemins se séparent avec Carla et Luice, il est temps pour nous de les quitter. Ils nous déposent à une intersection à 1h30 de la Fiambala. Il n’y a rien dans les alentours, seulement un arbre pour nous faire de l’ombre. Il va nous en falloir car nous allons faire du stop pour remonter les 250km qui nous séparent du village de Santa Maria.
Après 30min d’attente, un pick-up s’arrête et nous faisons le voyage avec un médecin jusqu’à la ville de Belen. Nous déjeunons sur le pouce avant de refaire du stop pendant 30min. Une petite voiture s’arrête et nous reconnaissons une famille d’argentins croisés la veille lors de la visite de la bodega. Nous sommes serrés comme des sardines, mais le voyage de 2h avec eux est superbe. Nous nous arrêtons sur le bord de la route et partageons avec eux le reste de leur barbecue : un régal !
Au bout de 6h nous arrivons à destination, Santa Maria, où nous trouvons un super camping conseillé par la famille française Lulosoli (Camping El Sol). C’est parti pour 3 jours de détente.