La capitale est encore endormie quand nous arrivons à 6h30 par un bus de nuit. Seuls quelques chauffeurs de taxi et des vieilles femmes qui installent leur étal de de fruits et légumes sont réveillés.
Notre première impression de La Paz est que c’est une ville tantaculaire. A 3700m d’altitude, les quartiers fleurissent sur les pans des montagnes aux alentours. Pour se déplacer et permettre aux habitants des banlieues de travailler dans le centre, la municipalité a construit des télécabines hyper modernes qu’on peut emprunter pour quelques centimes. C’est aussi un super moyen de visiter la ville sans être bloquer dans les bouchons. On y passe plus de 2h à admirer la ville vue du haut, avec, en prime, un pain au chocolat et un croissant achetés dans une boulangerie française découverte par mégarde. De notre cabine, on repère même une voiture ayant fait une sortie de route et qui s’est coincée dans une faille de la falaise. Vu son état, pas sûr qu’il y ait eu des survivants …
Comme dans la plupart des villes d’Amérique du Sud, nous assistons à un « free tour » où le guide est rémunéré aux pourboires. Marisol, notre guide pendant 3h, nous fait emprunter toutes les petites ruelles du centre-ville. L’une des histoires les plus marquantes qu’elle nous ait raconté est celle de la Prison de San Pedro, la fameuse prison de La Paz. Fameuse car elle est la plus grande de Bolivie, pouvant accueillir jusqu’à 3000 prisonniers, et se situent en plein centre-ville, juste à côté d’une des places centrales. A l’intérieur, c’est une véritable ville, et tout se paie : jusqu’à sa cellule, ses repas, les soins. Les plus riches bénéficient de cellules sur-équipées aux allures d’appartements luxueux, alors que les plus pauvres s’entassent dans des minuscules cellules crasseuses ou dans les « rues » de la prison. C’est une véritable société qui s’est organisée : supermarchés, coiffeurs, restaurants, hôtels, écoles, etc. Evidemment, certains leaders sont les gérants de tout ce business, qui s’est fortement développé grâce à l’organisation de visites guidées de la prison, jusqu’en 2013, et grâce au traffic de cocaine (apparemment la meilleure de Bolivie). Pour mixer les 2 business, à l’époque des visites guidées, chaque visiteur repartait avec une petite pochette de poudre blanche : dingue !
Après ces explications assez incroyables de la part de notre guide, elle nous emmène à travers différents marchés aux légumes, aux sorcières (avec des poudres, herbes, pierres magiques, potions, foetus de lamas pour apporter bonheur au sein de la maison). Les boliviens vont systématiquement faire leurs emplettes chez les mêmes vendeurs : une vraie relation de confiance s’instaure entre acheteur et vendeur, avec toujours un fruit/légume en cadeau à la fin pour fidéliser le client. Il n’y a quasiment pas de supermarchés à La Paz, tellement les marchés sont prépondérants dans la capitale.
Les boliviens qui habitent à La Paz et ses alentours font partie de la population aymara. Les aymariennes portent la tenue traditionnelle : une multitude de jupes en couches successives pour donner une taille large, symbole de féminité et de fertilité. La jupe descend à mi-mollet et le mollet est recouvert d’une chaussette montante : pas question de montrer ses mollets, car les dénuder chez la population aymarienne revient à porter un décolleté chez nous !
Le chapeau des aymaras est aussi porté selon un code stricte :
- posé droit, il signifie que la femme est mariée;
- posé sur le côté, il signifie que le femme est divorcée ou qu’elle est célibataire;
- posé vers l’arrière, il signifie que la situation conjugale est compliquée.
Bien qu’étant une grande capitale, La Paz reste captivante, à l’image de la Bolivie. On dirait que la campagne s’est mêlée à la ville, la population aymara étant restée très traditionnelle, tant dans sa manière de s’habiller que dans son mode de vie. On a vraiment pris plaisir à déambuler dans ses rues et notamment dans les marchés, riches en couleurs.
Muchos besos a todos,
Charles & Ophélie
