Luquina Chico est un village situé au bord du lac Titicaca, à 1h30 de minivan de Puno. Elle a 2 particularités :
- Elle est gouvernée sur un système de démocratie directe. Chaque chef de famille est responsable du village à tour de rôle. Cela engendre une réelle participation de chaque famille du village et le pouvoir est réparti équitablement entre les habitants.
- Elle pratique le tourisme communautaire. Souhaitant faire face au tourisme de face et conserver ses traditions, les habitants ont mis en place un tourisme participatif et contrôlée. Les touristes logent chez l’habitant : ils prennent leurs repas ensemble et les aident dans leurs tâches quotidiennes (travail agricole, cuisine, etc.). Chaque jour, ce sont des familles différentes qui accueillent les voyageurs de passageEn contrepartie, les revenus touristiques sont répartis parmi toutes les famille du village et leurs permettent d’améliorer leur maison pour eux et pour accueillir les touristes.
Notre hôte, Fernando, est venu nous chercher à Puno, om nous avons pris un minivan avec d’autres locaux. Pas d’autres voyageurs en vue à part nous. Après 1h30 de route, nous arrivons au bout de la presqu’île à Luquina Chico. Fernando nous aide à porter nos affaires, et nous arrivons chez lui, om nous déposons nos sacs dans une chambre absolument charmante, avec vue sur le lac. Cela faisait TRES longtemps que nous n’avions pas eu un confort pareil, qui nous a étonné au vue de la situation complètement isolée et hors des sentiers battus du village.
Il en fallait moins pour nous sentir dans un petit coin de paradis : c’est fleuri, vert, sur les hauteurs du village et la famille de Fernando, avec sa femme Yrene, et ses 2 derniers enfants, Laura et Christian sont adorables. Le père de famille nous explique que grâce au tourisme communautaire, ils ont pu installer l’eau chaude solaire, des chambres spacieuses et propres, et ne plus tirer leurs bénéfices que du travail de la terre.
Avant que le soleil ne se couche, Laura, leur fille, nous habille de la tenue traditionnelle des Aymaras : triple épaisseur de jupe, tunique et chapeau melon pour Ophé; large poncho, besace et chapeau en feutre pour Charlot. On a une dégaine incroyable !
Habillés ainsi, nous assistons et participons à des danses traditionnelles, accompagnés d’autres voyageurs comme nous. On se marre bien, surtout avec nos pas de danse amateurs !
De retour à la Casa de Fernando y Yrene, nous profitons d’une bonne douche chaude avec pression : c’est le luxe ! Puis nous dinons tous les 6 dans la salle commune de la maison. Tout a été préparé sur le feu, avec des produits de leurs champs : soupe de légumes et pommes de terre, puis mélange de légumes avec du riz (acheté sur le marché). C’est agréable de pouvoir échanger, sans barrière de la langue. Eux ont l’air d’apprécier encore plus, car ils communiquent la plupart du temps par des gestes avec les autres voyageurs européens.
Ils nous racontent que ça ne fait qu’une quinzaine d’année qu’ils ont commencé à maitriser la langue espagnol, la langue aymara étant leur langue maternelle. Malheureusement, l’espagnol est aujourd’hui la seule langue enseignée à l’école, et leurs enfants ne parlent pas l’aymara, qui est en train de disparaître peu à peu.
A 20h15 on est couché : on se met au rythme de la population de Luquina Chico.
L’âne nous réveille à 5h15 avec le lever du Soleil. Quand nous rejoignons Yrene dans la cuisine à 7h30 du matin, ça sent bon ! Elle a préparé une sorte de pain / galette frite, fine et excellente : on en dévore beaucoup à nous 2. Trempé dans le café et le thé, c’est parfait !
Après avoir fait le plein d’énergie, on discute avec Yrene : elle nous raconte avoir accouché de ses 4 enfants dans cette maison et sans docteur ! A son époque, ce sont les femmes voisines qui viennent assister la future mère. Quel courage ! Aujourd’hui, un infirmier vient 7 fois durant la grossesse pour la monitorer, et à quelques jours du terme, la femme doit se rendre à l’hôpitale de Puno, la ville la plus proche, om bien souvent l’accouchement est déclenchée : les femmes des villages du lac Titicaca n’ayant pas beaucoup d’argent, elles ne peuvent pas payer plusieurs nuits d’attente en chambre à l’hôpital.
Nous partons avec les 2 enfants sortir les moutons de leur enclos pour les mener dans les champs à la terre non arable. On traverse le village avec leurs 17 bêtes et on les attache à des pieux métaliques dans une prairie, pour éviter qu’ils ne s’échappent durant la journée. Les enfants iront les récupérer avant le coucher du soleil.
Devant la maison des voisins, le frère d’Yrene, 4 brebis sont avec un petit agneau chacune. Le plus vieux n’a que 3 jours et le plus jeune 30 minutes !
A 9h, Fernando nous donne à chacun une serpe et nous partons avec lui dans une parcelle de quinoa que nous allons faucher entièrement. La tâche est ardu car on passe plus de 2h en plein soleil, pliés en deux : mais quelle satisfaction de le faire manuellement avec le père et le fils.
Dans les villages tels que Luquina Chico, quand les enfants ne sont pas à l’école, ils aident leurs parents dans toutes les tâches : aux champs, à la maison (cuisine, linge, ménage). C’est d’ailleurs la fille Laura qui s’occupe des lessives à la main de toute la famille, pendant que nous coupons le quinoa et qu’Yrene est déjà en train de préparer le déjeuner.
En fin de matinée, quand tout le champ est fauché, Laura arrive avec l’âne et nous chargeons la bête : c’est elle qui monte avec la majorité du quinoa juqu’à la maison, nous portons le reste de la récolte sur notre dos, emballé dans un tissu. Fernando construit avec son fils un portant en bois, sur lequel on installe les tiges de quinoa pour les faire sécher. Pendant 3 semaines, sous une bache, le quinoa va sécher, jusqu’à ce que les graines puissent se détacher facilement.
Après le déjeuner, toujours avec des patates et légumes excellents, nous partons avec Yrene et Fernando pour ramasser des pommes de terre : mazette, ça fait mal au dos ! Piocher, retourner la terre, ramasser, recommencer … on n’a clairement pas l’habitude, notre dos non plus ! Au bout de 2h, on trie les patates par taille : les plus grosses pour les plats principaux, les moyennes pour servir de graines/semis dans quelques mois, les plus petites pour les soupes. Ce qui est dingue, c’est d’en voir de toutes les couleurs et de toutes les formes. On est bien loin du calibrage des supermarchés occidentaux !
On finit la journée en partant nous promener sur les hauteurs du village, pour voir le soleil disparaître petit à petit derrière les montagnes qui cercle le Titicaca.
Le lendemain, on se lève aux aurores pour attraper le bus de 7h afin de repartir à Puno. Même au petit déjeuner, nous avons du riz et des patates frites (excellentes) ! Le tout accompagné de petits pains et de confiture : miam !
On grimpe dans un très vieux bus qui grince, avec Yrene et Laura qui vont au marché du dimanche de Acora pour trouver les produits qu’ils ne cultivent pas chez eux. De village en village, en passant par des petites maisons, le bus se remplit d’hommes et de femmes en tenue traditionnelle, qui vont tous au marché. Tout le monde est sur son 31. Le jour du marché est spécial, c’est un moment de rencontre, d’échange. Surtout que se tient un concours de danse traditionnelle dans l’après-midi, auquel Yrene et Fernando vont participer.
A Acora, Yrene et Laura nous serrent dans leurs bras pour nous dire au revoir.
On ne pouvait rêver d’une meilleure expérience pour débuter notre voyage au Pérou !
Muchos besos a todos,
Charles & Ophélie