Sur les traces des Incas, de la Vallée Sacrée au Machu Picchu

Après le déjeuner, David nous dépose à Moray, spectacle fascinant de cultures en terrasses circulaires, étagées en un profond amphithéâtre. Il s’agissait d’un centre de recherche agronomique, où chaque étage bénéficiait d’un climat particulier : plus chaud et humide en bas; froid, sec et ventilé en haut. Ainsi, les Incas pouvaient faire pousser tous types de plantes, légumes, céréales à 3900m d’altitude : des génies ! Pour passer d’une terrasse à l’autre, pas d’escaliers demandeurs d’entretien, mais des pierres qui dépassent de la roche et qui forment des marches. Le site regroupe 3 amphithéâtres de ce type, plus ou moins bien conservés avec le temps.

En fin d’après-midi, notre chauffeur nous mène jusqu’aux Salineras de Maras : un site spectaculaire, où plus de 3000 bassins alimentés par une rivière chaude et salée, permettent d’extraire le sel depuis l’époque Inca. Le paysage est sublime, et le soleil rasant renforce les contrastes de la terre ocre avec le blanc cristallin du sel. Bien que ce soit le week-end, nous apercevons des travailleurs qui, à l’aide de caissons en bois, tapent de toutes leurs forces pour tasser les bassins qui accueilleront l’eau dès le lendemain. Nous sommes comme hypnotisés par ces dédales de piscines d’eau salée, qui s’étendent sur des centaines d’étages, à flan de montagne.

La nuit est tombée lorsque nous arrivons à Ollantaytambo, où nous allons dormir cette nuit. C’est une ville dans la vallée, entourée de hautes montagnes verdoyantes et traversée par un torrent qui passe au pied de notre hôtel. Nous nous endormons, bercés par le bruit de la rivière déchaînée, en sachant que la route du lendemain sera longue.

Quand nous arrivons enfin à Aguas Calientes, il fait nuit, humide et nous sommes KO, de la marche mais aussi des 4h dans le bus de l’enfer. Nous craquons et achetons des billets de train pour le retour à Ollantaytambo. Ça coûte une fortune, mais nous sommes tous épuisés par ces derniers jours que nous offrons ce luxe à nos petits estomacs.
Après un dîner sommaire, nous nous couchons de bonne heure car le réveil est tôt le lendemain et nous avons envie d’être en forme pour (enfin!) voir le Machu Picchu.

Il est 4h45 quand nous nous levons : nous avons réussi à obtenir un billet pour la 1ère entrée sur le site, dès 6h00. Mais il faut faire la queue pour grimper dans les premiers bus : une centaine de personnes attend déjà à l’arrêt de bus quand nous y arrivons à 5h00. Heureusement, un boulanger français a eu l’idée de génie de s’installer ici : nous patientons avec de bons croissants, pains au chocolat et pains aux raisins.

Le premier bus part à 5h25, nous prenons le quatrième dans la file. La route, sinueuse, compte 13 virages où les bus ne peuvent pas se croiser. Avec la brume matinale, nous ne voyons rien en contrebas. Une fois là-haut, il nous faut encore attendre 15 minutes avant l’ouverture du site, sous une pluie fine et dans un brouillard épais.

6h01: ça y est, nous pouvons entrer ! Après 15 minutes de grimpettes sur des pierres glissantes, nous arrivons au fameux point de vue sur la cité Inca, qui se retrouve sur des millions de photos de touristes. Mais la brume matinale, épaisse, nous cache la quasi totalité du site sacré.

Avec la fatigue, nous sommes un peu dépités mais nous gardons l’espoir que la météo va changer. En attendant, nous en profitons pour lire les guides.

La plupart des explications sur le Machu Picchu sont hypothétiques, et cela pour 2 raisons :

• La population des Incas a été exterminée avec l’arrivée des colons espagnols. Ces derniers ont pillé la majorité des biens Incas en métaux précieux, sans se soucier d’en garder une trace. La majorité de l’or a été refondue une fois arrivée en Espagne.
• Les Incas parlaient le quechua, qui est une langue orale et non écrite. Il n’y a donc aucune trace écrite de ce peuple disparu. Seule la recherche archéologique nous éclaire au fur et à mesure des années sur l’histoire de ce peuple.
  Le mystère est donc omniprésent, ce qui rend ce lieu encore plus mystique et impressionnant.

Vers 7h30, le soleil se lève de derrière les montagnes, nous voyons la brume se dissiper, et, comme par magie, le site du Machu Picchu apparaît devant nous ! Les nuages, les rayons du soleil, les hautes montagnes et la forêt tropicale aux alentours rendent le spectacle majestueux. A peine 5min plus tard, le site disparaît à nouveau dans les nuages qui remontent depuis la vallée.

Ce petit manège d’aller-retour de la brume dure jusqu’à 9h30, avant de définitvement laisser place à une lumière solaire puissante et aveuglante. Au final, ce ballet entre les nuages et le site l’a rendu grandiose. Derrière cette merveille du monde, le pic de la montagne du Wayna Picchu s’élève à 2720m, au-dessus du site et le surplombe.

Nous traversons ensuite les ruines de cette ville, jusqu’à la Place Sacrée. La base des bâtiments est intacte, les pierres (énormes !) ont tenu les siècles de météo hostile. Entre les 2 parties du site – l’une pour l’agriculture en terrasse, l’autre pour les habitants et le centre religieux – de larges blocs de pierres trônent depuis une éternité.

Il semblerait que la montagne du Machu Picchu, dont le sol est très riche en larges roches, ait fourni à cette civilisation tout le nécessaire pour s’y installer. Il y a même une source qui, à l’aide d’un système d’irrigation ingénieux, a permis à des centaines de personnes de vivre ici. On se demande comment ne pas y voir un enseignement du passé ? Un village a réussi à vivre en autonomie grâce à une agriculture en terrasse et un système d’irrigation, alors que notre civilisation s’entasse dans des villes toujours plus peuplées d’habitants, d’immeubles à durée de vie limitée et de supermarchés aux produits venants de toujours plus loin …

La visite continue en déambulant à travers les vestiges de la ville. On voit ça et là les emplacements où se trouvaient des poutres en bois pour soutenir les toits de chaume, des portes à l’entrée des maisons, des édifices religieux où l’on mettait les plus belles pierres (donc l’une comporte plus de 30 angles !).

Quand nous repartons du site, cela fait plus de 5h que nous étions sur place. Clou de tout voyage au Pérou, le Machu Picchu comble toutes les attentes, et même plus ! La civilisation Inca a réussi à construire un chef d’oeuvre, en haut des montagnes, dans un endroit extrême. Quelle claque nous avons pris, en ayant la chance de lui rendre visite !

Nous récupérons notre sac à dos avant de déjeuner dans un restaurant, en attendant notre train. Dommage que la ville d’Aguas Calientes ne soit pas la plus belle : elle est blindée d’hôtels et de restaurants, au service des visiteurs du plus beau site du Pérou.

Notre dernière journée tous les 4 se conclut avec un superbe trajet en train lumineux, au toit en verre, avec une vue panoramique de la vallée tropicale.

Une fois arrivés à Ollantaytambo, nous accompagnons Chantal et Albane jusqu’à leur van, qui doit les ramener jusqu’à Cusco, avant qu’elles ne repartent le lendemain pour Lima en avion. Nous sommes tous les 4 très émus, ces derniers instants passant trop rapidement car le van est sur le point de partir. Ces 12 jours ont été très intenses et les quelques minutes d’au-revoir sont trop courtes pour les remercier d’avoir partagé avec nous un bout de notre voyage sud-américain. Cela promet des retrouvailles très riches à notre retour en France dans un peu plus de 2 mois !

Après notre départ de Cusco, nous attérissons dans la ville de Chiclayo, au nord-ouest du Pérou. Cette partie du pays est beaucoup moins touristique que le sud, et – du coup – beaucoup plus pauvre malheureusement. Le contraste est marqué : les déchets sont omniprésents dans les rues, des regroupements de personnes font la queue en attente de petits boulots, les voitures sont dans un tel état que l’on se demande comment elles roulent encore.

Nous partons rapidement de Chiclayo, une grande ville sans intérêt majeur, en direction de Trujillo et plus précisement de la station balnéaire de Huanchaco. Il nous reste 2 semaines de voyage au Pérou : nous avons prévu de passer 4 jours à la plage, puis de partir dans la Cordillière Blanche pour y faire des treks, avant de redescendre vers Lima où nous prendrons notre avion pour la Colombie.

La fatigue des dernières semaines et du voyage de manière générale a fait que nous sommes restés 11 jours à Huanchaco, à profiter de la plage, des couchers de soleil grandioses, de l’hostal Naylamp, du marché local, des cours de yoga pour Ophé et du rythme détendu de ce village. Nous avons terminé notre To Do administrative, trié les photos du mois passé et rattrapé notre retard dans la rédaction de notre roadbook et de notre blog. Cela nous a fait un bien fou (même si Charles a terminé ce séjour avec une belle intoxication alimentaire aux fruits de mer…).

Nous quittons Huanchaco pour Lima par un bus de nuit. C’est la deuxième fois que nous nous rendons dans la capitale péruvienne et nous retournons au Pan de la Chola, notre brunch préféré d’Amérique du Sud : superbes pains et viennoiseries, jus frais, muesli et yaourt nature (très rare ici !).

Sur les conseils de Léa, une amie française rencontrée à Quito, nous séjournons dans le quartier bobo-artiste d’ici : Barranco. Nous avons adoré nous promener dans les rues aux maisons colorées, aux cafés et restaurants charmants et où le street art règne en maître. Le musée du photographe péruvien Mario Testino a été un réel coup de coeur. Le restaurant Isolina Taberna, avec son Lomo Saltado a tombé par terre, et le glacier Glu, avec sa glace au chocolat, ont clôturé dignement notre expérience culinaire au Pérou.

Nous prenons l’avion dans l’après-midi, en direction de notre dernier pays d’Amérique du Sud : la Colombie !