Cela fait plusieurs jours que nous sommes basés dans la ville de Sucre, en Bolivie. Cette belle ville coloniale a fait son effet : nous étions censés y rester 3 nuits, au final voilà plus de 6 nuits que nous y sommes.

Et coup de chance ! C’est le 3ème week-end de Mars et, à cette date-là, c’est le Pujllay : une sorte de carnaval dans le village de Tarabuco, à 1h30 de Sucre, qui célébre à la fois une bataille gagnée contre les conquistadors Espagnols en 1816 et la période des récoltes à venir. Nous partons donc samedi de bon matin pour cette fête locale, avec un groupe de Danois, de Français et notre guide bolivien.

Qu'est-ce que le Pujllay ?

Signifiant « jeu » ou « dance » en quechua, le Pujllay est une fête folklorique, célébrée par le peuple Yampara, pour marquer la fin de la saison des pluie et le début de la récolte. Ils vouent un culte à la déesse de la Terre-Mère, la Pachamama, en lui dédiant un temple, « pukara », le temps d’un week-end de festivités. Cet autel est couvert de fruits, légumes, céréales, viande, tout type d’offrandes à la déesse pour s’assurer d’avoir une bonne récolte et la remercier pour la fertilité de la terre. Le peuple danse et chante dans les rues de la ville, jusqu’au temple de la Pachamama.

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Des garçons de plus de 15 ans sont sélectionnés pour danser autour du pukara; ils sont vêtus d’habits traditionnels et portent des chaussures en bois pesant 5kg chacune et faisant office d’instruments de musique. A la fin de la cérémonie, tous les aliments sont rassemblés et distribués à la foule.

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En route pour le tout petit village de Pisily

Une fois arrivés à Tarabuco, à 3290m d’altitude, nous partons à pied pour presque 2h de marche dans la steppe montagneuse, jusqu’au petit village de Pisily, où nous installons nos affaires chez l’habitant chez qui nous allons dormir. Grâce à l’accueil ponctuel de voyageurs comme nous, cette famille d’accueil a pu se faire construire une véritable salle de bain, avec toilettes et baignoires avec eau chaude. Un luxe !

Nous assistons dans l’après-midi à un mini Pujllay dans le village de Pisily, où l’on se voit offrir une soupe bien consistante (vu sa consistance, on ne préfère pas savoir ce qu’il y a dedans !).

On s’éloigne du groupe pour aller discuter avec 2 femmes qui teignent la laine d’alpaga avec de la poudre colorée dans des marmites. Une fois cuits pendant 45min, les fils sont tendus entre 2 rochers pour sécher.

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Charles est appelé par les jeunes du village pour disputer un match de foot sur un vrai GRAND terrain de foot. C’est important de préciser la taille du terrain et l’état caillouteux (en pente vers notre but évidemment), puisque nous sommes à une altitude de 3400m : rares sont les européens à avoir déjà fait du sport à une telle hauteur. Evidemment, en moins de 15min, tous les occidentaux sont essouflés… Mais c’était sans compter sur un excellent début de match, et au bout d’1h30, sans pause, nopus gagnons 5-4. L’honneur est sauf !

Pour la petite histoire, le gouvernement bolivien aurait fait construire des centaines de nouveaux terrains de foot pour pousser les gens à faire du sport et prévenir des problèmes de santé, ce qui part d’une bonne idée. Il est vrai qu’en sillonnant la campagne bolivienne, à pied ou en bus, nous repérons des beaux terrains de foot au milieu de nul part. Cependant, ce projet a été fortement décrié par la population car ces terrains de foot sont payants et donc peu de personnes ont les moyens de se payer une entrée pour jouer, et de plus, la population aurait préféré que le gouvernement investisse cet argent dans les hôpitaux en campagne qui sont soit inexistants soit en piteuse état (la majorité de la population bolivenne vivant à la campagne, ils sont trop éloignés des villes pour bien se faire soigner). Les boliviens continuent donc de jouer sur leurs anciens terrains de foot, en terre, avec des buts fabriqués par eux-même.

Après la nuit tombée et un dîner autour de la marmite bien chaude, nous partons en camionnette pour Tarabuco. La fête commence dès le soir, avec l’énorme concert de musique andine. Le son poussé à fond (ils ne connaissent pas la limite des decibels), les présentateurs qui hurlent et parlent en même temps dans le micro et les boliviens qui ne sont pas les plus joyeux des fêtards, le début de soirée n’était pas des plus fameux. Mais les groupes, adorés par les spectateurs, nous font tous danser sur la piste, et l’on tente d’imiter leurs pas de danse traditionnelle : ronde avec des mouvements de bras, danse à 2 sans se toucher avec les bras en l’air, danse où l’on fait tourner des serviettes, bref on a bien rigoler ! Entre chaque danse, on va se poser dans le marché de nuit qui se tient dans la rue et où tous les boliviens grignotent et picolent. On goûte à leur « cocktail » local, un mélange de lait avec de l’alcool de sucre de canne. On ne le recommande pas…

Au moment de rentrer en van, un énorme orage éclate : éclairs toutes les 5 secondes, pluie torrentielle, et cela jusqu’au petit matin.

Le Pujllay, jour de fête

Le lendemain matin, après un petit déjeuner où l’on découvre une nouvelle céréale type blé noir qu’on roule en boule et qu’on mange (ça cale bien), nous partons à pied pour Tarabuco, pour assister à leur Pujllay annuel, qui attire plus de 50 000 personnes (pour une population de 3000 habitations).

Dans les rues, des dizaines et des dizaines de groupes défilent en dansant pour se rendre jusqu’à l’autel pukara érigé au centre du terrain de sport de la ville : il fait bien 25m de hauteur !
Des groupes de musiciens donnent le rythme à des jeunes filles et garçons, qui reçoivent des cotillons et de la mousse par la foule qui les regardent.

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Nous goûtons à la chicha, une boisson issue de la fermentation du maïs, aux mêmes vertus que l’alcool. Nous déambulons toute la journée dans les rues de Tarabuco, admirant cette foule, les groupes de danseurs et de musiciens qui défilent, les enfants qui s’amusent avec les bombes à mousse, les familles qui déjeunent sur des longues tablées, les ados qui se rencontrent et qui flirtent, les danseurs garçons qui marchent avec leurs chaussures en bois à plateforme, etc. C’était un vrai festival de couleurs ! Elle nous a rappelé la fête de Holi en Inde à laquelle nous avions assisté un an plus tôt.

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Muchos besos a todos,

Charles & Ophélie

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