Boucle de Quilotoa | 18-21 octobre 2018

On part pour 4 jours de voyage, dont 2 jours de randonnée dans les montagnes, dans le but d’atteindre le lagon Quilotoa à pied. Le plus simple aurait été de prendre un bus touristique pour s’y rendre directement. Mais on nous a tellement vanté la beauté du sentier pedestre y menant que ce serait un sacrilège de ne pas le faire à pieds. La seule difficulté est de se rendre au départ du chemin : il n’y a que 2 bus par semaine qui y vont. On a donc du planifier minutieusement notre voyage pour ne pas les louper.

Petite histoire sur le Quilotoa :

Situé dans l’une des régions les plus reculées des Andes, le Quilotoa est un volcan culminant aujourd’hui à 3914m d’altitude. A son origine, son sommet était beaucoup plus haut, formé par des dépôts successifs de coulées de lave. Celui-ci s’écroula lors d’une violente éruption, formant un vaste cratère quasi-circulaire, appelé caldeira en raison de sa taille imposante. Un lac de 3km de diamètre et de 250m de profondeur se niche au sein de ce cratère.

Selon la légende, ce lagon n’aurait pas de fond et ses eaux émeraudes cacheraient le trésor d’Atahualpa, le dernier empereur Inca, qui l’y aurait enfoui avant de se faire capturer par les conquistadors espagnols en 1532.

Départ de Quito | Mercredi 17 octobre

On quitte la capitale le mercredi soir, par un bus en direction de Latacunga. Clara, une volontaire française, nous accompagne pendant ces 4 jours. On est accueilli à l’Hostal Rosim, une très grande batisse, très haute de plafond, avec des moulures et du parquet. Elle appartenait à une grande famille turque, dont les derniers membres seraient décédés sur place. Peut-être dans la chambre que nous occupons …?

Jour 1 | Jeudi 18 octobre

Du marché de Saquisili au village d'Isinlivi

Après un petit déjeuner bien copieux, on part en bus pour Saquisili, connu par les habitants de la région pour son marché tantaculaire du jeudi. Il s’étend sur plusieurs places à travers la ville, chacune ayant sa spécialité : fruits & légumes, animaux, vêtements, etc.

Aujourd’hui, il y a une grande fanfare qui arpente les rues : des élèves de tout âge défilent avec des tambours, majorettes et étendards aux couleurs de leur établissement scolaire, suivis des professeurs eux aussi en uniforme. Juste avant de monter dans le bus qui doit nous emmener à Isinlivi (point de départ de notre rando), on déjeune sur le marché et Charles goûte une caille grillée : un délice !

La route qui mène à Isinlivi est très sinueuse. A tel point que dans certains virages le bus doit faire une manoeuvre. On déambule à travers les champs andins et les moutons. La brume qui englobe certaines vallées plus humides rend le paysage sauvage et superbe. On est déposé dans le village d’Isinlivi, au seul hostal du coin : le Llullu Lllama (qui signifie en quechua “bébé lama”). C’est une auberge de jeunesse très quali avec de grandes salles chauffées au poêle à bois, des canapés confortables, des jeux de société, une salle de yoga, de grandes tables longues pour les repas et un spa. Après une partie de Catan, on va profiter du jaccuzi (un peu frais) et du sauna dont la grande baie vitrée donne sur Tito, le lama du hostal : incroyable ! On continue la soirée par un apéro au coin du feu avant de passer à table à 18h45. 2 grandes tablées permettent à tout le monde de faire connaissance et les discussions en espagnol, anglais et français détendent bien après la fin de ce repas très copieux ! On se couche tôt en prévision des heures de marche qui nous attendent demain.

Jour 2 | Vendredi 19 Octobre

D'Isinlivi à Chugchilan

Départ : Isinlivi
Arrivée : Chugchilan
Durée : 4-5h
Distance : 12,4km
Ascension : 651m
Descente : 397m
Altitude min : 2640m
Altitude max : 3197m

La 1ère partie du trajet est en pente douce, à travers des collines escarpées qui s’érodent et dont les pierres glissent jusqu’au milieu des chemins que nous empruntons. On passe ensuite par des plaines arides, parfois longées par des ruisseaux, qui rendent les bordures très vertes et densément végétalisées. On y croise des chevaux, vaches et moutons, laissés en liberté pour la journée par les fermiers du coin. L’un des ruisseaux barre notre chemin et on doit le traverser à l’aide d’un énorme tronc couché en travers. Sur le chemin, on retrouve Piera, une italienne également partie de l’auberge ce matin et avec qui on finira le trek jusqu’à Quilotoa.

Notre route nous mène dans un petit village désert, si ce n’est l’école où des enfants jouent dans la cour. Et même au fin fond de la campagne équatorienne, ils portent l’uniforme de leur établissement. Le soleil cogne et il n’y a pas d’abris qui nous permette un temps de repos. Notre stock d’eau diminue fortement et on se dit qu’on en n’aura pas assez pour la fin de la rando… On continue notre chemin jusqu’à la sortie du village, où une femme âgée a installé son petit magasin sous une paillote : de l’eau ! Elle nous offre même une banane chacun pour qu’on reprenne des forces. On discute, on lui pose des questions. Elle nous montre de loin sa maison et celles de ses amies, ainsi que ses jardins potagers qui longent notre sentier.

Après cette petite pause s’en suit un long chemin en montée abrute dans du sable gris. C’est long, difficile, et chaque pas de la personne devant envoie un nuage de poussière dans les poumons. Les quelques pauses pour reprendre notre souffle nous permettent quand même d’admirer le chemin parcouru et la vallée qui se dévoile au fur et à mesure de la montée. Une fois en haut, la pause snack nous redonne un peu d’énergie pour continuer sur une montée bien plus douce.

La fin de la rando se fait sur une route bitumée sur laquelle on croise tous les écoliers qui rentrent chez eux. Ces 2 derniers kilomètres sur le bitume ne sont pas très fun, heureusement qu’il y a très peu de voitures qui l’empruntent et qu’on aperçoit Chugchilan qui se rapproche : on y est presque !

Quelle joie d’arriver enfin au village, dans l’hostal Cloud Forest, où l’on s’écroule de fatigue pour le reste de l’après-midi. On se retrouve ensuite tous les 6 sur une belle tablée pour le dîner : Clara, Piera, Oliver, Coralie et nous deux. Petit billard et babyfoot dans la salle commune, où un poêle de bois chauffe la pièce, avant de rentrer se coucher.

Jour 3 | Samedi 20 Octobre

De Chugchilan à Quilotoa

Départ : Chugchilan
Arrivée : Quilotoa
Durée : 6h
Distance : 11,4km
Ascension : 1003m
Descente : 346m
Altitude min : 2992m
Altitude max : 3894m

C’est une grosse dernière journée qui nous attend car le trajet, plus court que la veille, est pratiquement qu’en montée jusqu’au cratère de Quilotoa.

Comme d’habitude, Ophélie est réveillée aux aurores et va admirer le lever du soleil dans un hamac. Le village se réveille : les équatoriens sont des lève-tôt, l’école débute à 7h et les fermiers sont déjà dans les champs à cette heure-là.

Le temps est magnifique : ciel bleu avec une fine couche de brume, parfait pour la rando ! On quitte l’hostal à 7h55, par un petit chemin en pente. Pour rejoindre le sentier, on passe par un autre hostal, où l’on croise une famille suisse avec 2 jeunes enfants, sur la route depuis plus de 2 ans dans leur camping-car.

Les paysages aujourd’hui sont grandioses. Plusieurs fois on passe par des lits de rivières ou de cascades asséchées. On ne croise quasiment personne sur la route, à part un vieux monsieur qui va à Quilotoa avec son gros sac de graines sur le dos; et quelques habitants des villages voisins.

La dernière partie de la montée est interminable : le chemin est en sable. Il faut donc multiplier nos efforts pendant 1h pour grimper jusqu’au cratère.

Une fois en haut, le spectacle est superbe ! Le temps est couvert mais l’immensité de cette caldeira nous laisse sans voix. Les bourrasques de vent nous obligent à revêtir nos polaires et nos doudounes. Une femme nous prépare un thé chaud et on reste à admirer cette vue pendant 30min. Des moutons broutent l’herbe sur le bas côté du cratère et un homme finit de clouer le toit en taule de sa future boutique.

On repart tant bien que mal sur le sentier qui longe le cratère, il nous faut 1h30 pour rejoindre le village de Quilotoa. On descend une dizaine de mètres pour en grimper le double : le chemin n’est pas bien indiqué. On a tous les 2 un gros cou de mou, et on se souvient qu’on a rapporté des raisins secs de la maison. Ils nous font un bien fou !

On arrive enfin dans le village, tous les 6 fatigués mais ravis. Après avoir cherché en vain un restaurant avec un plat de pâtes et s’être vu refouler à chaque fois, on s’installe dans une petite cantine-maison pour déguster un cuy grillé (cochon d’inde), un empañada au fromage et un chocolat chaud. La patronne, visiblement sous une substance peu licite, insiste, sur-excitée, pour qu’on trempe nos empañadas dans le chocolat chaud, comme le font les locaux. Et franchement, on est bien content car c’est délicieux !

Une fois rassasiés, on dit adieu à l’italienne Piera qui repart pour la Colombie, avant de se diriger tous les 5 vers notre hostal, où nous avons hâte de prendre une bonne douche chaude. Mais pas de chance ! Ca fait 2 mois que le village n’a pas d’eau courante… c’est donc avec de l’eau glacée du puit que nous devons nous rincer !

On part se réchauffer en fin de journée autour d’un canelazo dans une auberge familiale, où les membres de la famille sont installés autour d’un poêle à bois.

Le canelazo est une boisson alcoolisée chaude (l’équivalent de notre vin chaud), réalisée à partir d’alcool de canne à sucre, cannelle, de sucre de canne. En fonction des régions sont rajoutés des fruits et du clou de girofle, ou alors l’alcool est omis.

Quelques minutes après notre arrivée, c’est la cheminée d’évacuation qui s’encrasse et la pièce est enfumée. Un petit coup d’hérisson de ramonage et tout revient en ordre. On se remet de nos émotions et de nos yeux qui pleurent en faisant nous même le mélange du canelazo fait-maison et du “Puro”, l’alcool de canne à sucre fait-maison. Ça nous réchauffe bien !

Nous repartons dîner à notre hostal, dans le salon de la famille tenant les lieux. La fille fait ses devoirs, pendant que la mère prépare le dîner et le père tient les comptes. L’ambiance est familiale, détendue et accueillante. On s’y sent bien.

La nuit, malgré les 4 couvertures, est très très fraiche : et on dort mal.

Jour 4 | Dimanche 21 Octobre

Réveil à 5h30 pour aller voir le lever du soleil depuis le haut des crêtes de la caldeira. On a une vue imprenable sur le lagon et la lumière pointe derrière le volcan Quilotoa.

Malheureusement, et après une bonne heure d’attente, les nuages ne nous permettent pas de voir le moindre rayon de soleil. On se réconforte avec des chocolats chauds, qu’Olivier et Charles sont allés nous chercher.

On attrape le bus pour retourner à notre ville de départ, Latacunga, afin d’attraper un autre bus pour la capitale. Les au-revoir avec Olivier et Coralie sont trop rapides car le chauffeur du bus nous crie que le changement pour le bus vers Quito se fait maintenant : sur le bord d’un rond-point… On espère se revoir une prochaine fois !

Muchos besos a todos,

Charles & Ophélie

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