Lancée avec l’appui de la fondation Kasa de Colores, Awashamu est une micro-entreprise qui vend des produits de mode écologiques réalisés à partir de sacs plastiques recyclés, polluant les mangroves et les rues du canton d’El Guabo en Equateur. Ces produits sont réalisés par des femmes victimes de violences conjugales, leur permettant d’accéder au statut d’entrepreneur et de se défaire progressivement de leur dépendance économique vis-à-vis de leurs conjoints.
Awashamu signifie “tisser le futur” dans la langue indigène quechua d’Equateur.
El Guabo est région côtière au sud-ouest de l’Equateur. Il contient une très riche biodiversité et est reconnu pour son parc naturel de mangroves, habitats d’une grande quantité d’espèces aquatiques et terrestres. Cependant, les activités humaines de la région viennent dérégler la faune et la flore. La culture intensive de bananes entraîne l’accumulation de sacs plastiques, qui se fixent aux racines des mangroves.
Il faut savoir que la banane est le fruit le plus exporté au monde. Depuis plus de 50 ans, les trois quarts de la production sont gérés par 5 multinationales. Des petits producteurs locaux, notamment en Amérique du Sud, approvisionnent ces multinationales, dans un rapport de force fortement contesté.
La production de ce fruit est aujourd’hui devenu une monoculture, avec 2 grandes familles de bananes commercialisées : les bananes plantains à cuire et les bananes Cavendish en dessert. La diversité génétique étant trop faible, le développement d’un parasite est très redouté par les producteurs, ce qui les poussent à utiliser soit des pesticides soit des sacs plastiques pour faire pousser le fruit.
Au Guabo, les producteurs utilisent la méthode des sacs plastiques pour les protéger des maladies, mais aussi des oiseaux, des rayons du soleil directs et du contact avec les feuilles qui pourrait abîmer l’aspect extérieur du fruit (et donc rendre impropre sa commercialisation aux multinationales). Une fois les fruits cueillis, le sac est laissé à l’abandon dans la nature et se retrouve piégés dans les racines des mangroves, qui ont de nombreux bénéfices environnementaux (barrière naturelle contre les tempêtes, filtre naturel contre la pollution et zone de piégeage des gaz à effet de serre).
Une étude menée en Equateur montre que 3 femmes sur 5 sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles au cours de leur vie, quel que soit le niveau d’éducation. 70% des femmes sans éducation ou analphabètes sont touchées, ainsi que 55% des femmes avec une éducation supérieure. Les trois quarts des violences sont effectués par leur mari ou ex-mari.
Les femmes de la région d’El Guabo sont très touchées. Les mentalités et les pratiques sont machistes, nous avons pu s’en rendre compte lors notre visite sur place.
Concernant la communauté de femmes du projet d’Awashamu, un diagnostic réalisé au début du projet en 2013 indique que 67% de ces femmes sont victimes de violence. La plupart ont été mariées très jeunes (entre 12-16 ans) et sont dépendantes économiquement de leurs conjoints. Chaque femme a en moyenne 5 enfants et le salaire mensuel pour le foyer avoisine les 350 dollars (SMIC en Equateur). Au début du projet, seul 2% des femmes du groupe avait connaissance des systèmes d’épargne ou de finances personnelles.